Fracture numérique : mettons en place un bouclier rural pour lutter contre les inégalités !

Tribune de Julien Leonardelli,
Conseiller régional d’Occitanie,

Ce ne sont pas moins de 541 communes qui, en France, ne sont couvertes par aucun opérateur de téléphonie. Parmi elles, plusieurs sont situées en Haute-Garonne, à l’instar de Bax, Montbereaud, Latoue, Herrand, Payssous, pour ne citer qu’elles. Pour beaucoup d’autres communes, la fibre n’a pas été déployée et la simple connexion internet est laborieuse. L’abandon n’est donc pas un sentiment mais bel est bien une réalité vécue par les ruraux puisque 57 % d’entre-eux estiment « ne pas bénéficier de l’action des pouvoirs publics. »

Des millions de nos compatriotes subissent au quotidien la double peine : fermeture de services publics pour les rendre accessibles sur internet alors que le numérique demeure à l’état embryonnaire dans les campagnes. Cette fracture numérique aggrave considérablement la fracture territoriale : tous les services au public s’amassent dans les métropoles, entrainant un effet d’aspiration des populations vers ces pôles urbains.

En effet, les jeunes ruraux se retrouvent contraints de s’installer en ville s’ils veulent échapper à la marginalisation sociale et économique, leurs villages étant désertés par les entreprises. Derrière ce déséquilibre, c’est donc le mode de vie rural, organisé autour des traditions et de l’enracinement, qui est menacé par cette hyper-concentration urbaine ; un mode de vie que plébiscitent pourtant 81% des Français.

Les nuisances causées par l’urbanisation à outrance sont légion : surpopulation, réseau routier saturé, cohabitation forcée de populations, etc. Plus grave encore, cette réorganisation territoriale, profondément inégalitaire, modifie la perception de l’individu sur son environnement. En effet, les multiples contraintes matérielles rencontrées en ville poussent les individus à adopter un mode de vie solitaire, individualiste. Les relations sociales s’appauvrissent et seuls persistent, dans ce grand chambardement, les liens les plus forts, à savoir les liens communautaires. Ainsi, les populations issues de l’immigration, parce qu’elles adoptent le réflexe du regroupement, sont les seules à préserver leur mode de vie face au rouleau compresseur de la mondialisation-urbanisation pendant que l’art de vivre à la française, disséminé au travers d’individus isolés et atomisés, ne peut résister à l’anémisation du réel social, jetant ainsi les individus dans cette ère du vide qu’a conceptualisé Gilles Lipovestsky. L’homme n’a plus le droit que d’être un consommateur, or pour consommer de jour comme de nuit, tout ce que l’on désire, alors il faut vivre en ville.

Les Français qui vivent dans la ruralité n’ont plus les moyens d’exprimer leurs préoccupations puisque les médias, également concentrés en ville, ne portent plus attention à ce qui leur semble éloigné de leurs « consommateurs ». En quelques sortes, au-delà du périphérique c’est le désert. Il n’y a qu’à regarder les chaines d’information pour se rendre compte de leur vision intégralement parisienne.

Le numérique ne doit pas être mis au service d’un mode de vie mais au service de la population. En effet, nous devons considérer le numérique non comme un outil de rentabilité mais comme un outil au service du mieux vivre, un outil améliorant l’accès de la population à l’éducation, aux soins, aux services postaux et fiscaux que les ruraux financent aussi en payant des impôts comme les autres. Le véritable progrès ne consiste-t-il pas à assurer à nos enfants plus de confort ? Aujourd’hui, les Français sont de plus en plus nombreux à dire que l’on vivait mieux avant : certes, il y avait moins d’avancées techniques mais la technique existante était mise au service de toute la communauté nationale. De nos jours, nos compatriotes se rendent compte que ces progrès techniques ne sont mis à disposition que de ceux que l’on appelle les gagnants de la mondialisation, c’est-à-dire les habitants des grandes villes. Aussi, voilà pourquoi des milliers d’entre-eux enfilent des gilets jaunes et crient leur désarroi face à cette dépossession inacceptable de leur qualité de vie et, à travers elle, de leur identité.

C’est pourquoi, le Rassemblement National prône depuis des années le déploiement d’un bouclier rural garantissant aux habitants des campagnes un accès aux services publics égal à ceux des zones urbaines. A l’occasion des élections européennes du 26 mai prochain, c’est ce choix que je vous propose de faire ensemble, en votant massivement contre le modèle mondialisé d’Emmanuel Macron et en plébiscitant la liste du Rassemblement National menée par Jordan Bardella. Derrière le vote, il y a un choix de civilisation dont nous devons nous saisir.